Comment retenir devant leur écran les participants à des événements virtuels ou hybrides? C’est le grand challenge que doivent surmonter les professionnels de l'événementiel.
Pourquoi est-il difficile de capter une audience à distance ?
Assister à un événement virtuel n’a rien d’évident pour l’être humain qui a une « cognition incarnée », explique Albert Moukjeber, docteur en neurosciences et psychologue clinicien. « Une grande partie de notre attention est conditionnée par le partage d’un environnement physique mutuel avec ceux avec qui nous interagissons. Avec les événements virtuels, une grande partie de cette attention a été tronquée. » Maintenir l’attention de son public doit donc passer par des outils qui permettent de regagner en sensorialité, préconise le spécialiste.
La digitalisation rend plus difficile de capter les messages non-verbaux de son interlocuteur, avertit la sémiolinguiste Élodie Laye Mielczcareck : le cadrage sur le visage du participant empêche de voir les mouvements du corps ; les rougissements, rosissements ou dilatation des pupilles sont plus difficiles à percevoir... autant de signaux qui sont pourtant aussi importants que le message verbal pour notre cerveau. « Une visio est très fatigante, parce que notre cerveau comble les trous de cette data qui lui manque et reproduit l’information en permanence », explique-t-elle.
Les sept clés pour maintenir l’attention :
Régis Clinquart, concepteur, rédacteur et scénariste pour événements virtuels et hybrides nous livre ses astuces pour « créer de la rétention » :
- Un contenu « 100 % utile » : éviter ce qui peut être conçu comme une perte de temps comme les redites, les sommaires ou les présentations fleuves : « Ce sont des occasions pour les gens de décrocher, de se dire : "ok le vrai contenu n’a pas démarré". Alors on élague ! »
- Apporter du changement : un événement digital ou hybride peut durer plusieurs heures, et vous risquez de voir vos participants à distance quitter leur ordinateur. En implémentant régulièrement des changements, vous gardez leur attention et diminuez la sensation de « durée ». On peut faire varier les formats (interviews, films, présentation avec slides, passer du live à un enregistrement), les décors (mosaïque des participants - voir virtual audience- , salle, etc..), les intervenants... « le spectateur qui commençait à s’ennuyer décide finalement de rester », explique Régis Clinquart.
- Favoriser l’interactivité entre le public et le plateau, que ce soit par des votes, des quizz, des sondages, ou encore par des solutions plus élaborées telles qu’en propose Sparkup.
- Entertainment : tout ce qui est de l’ordre du divertissement, comme les séquences d’humour, la gamification, aide à maintenir l’attention. Régis Clinquart prend l’exemple de l’ univers virtuel ou du Metaverse, où « l’exploration d’un monde immersif donne l’impression de se promener, de vivre une aventure au lieu de rester figé à écouter des gens. »
- Tenir compte du FOMO (fear of missing out = la peur de manquer quelque chose). Cette notion rejoint celle du teasing, l’idée étant d’inciter le public à attendre quelque chose qui doit venir et qu’il ne veut absolument pas manquer. On peut annoncer un concert à la fin de l’événement, un speaker très attendu, un cadeau, ou lancer un jeu qui incite à rester en ligne, soit parce qu’on attend les noms des vainqueurs, soit parce qu’on a toujours l’occasion de retenter sa chance.
- Faire des pauses, comme c’est le cas lors des évènements physiques « même si c’est assez contre-intuitif », reconnaît Régis Clinquart. Parfois une pause de quelques dizaines de secondes suffit. Et évidemment, on est souvent tenté de faire des pauses les plus courtes possibles, de peur de perdre son public. Selon Régis, « si on fractionne vraiment, en prévoyant des pauses de 20 à 30 minutes, les gens savent qu’ils vont avoir du temps pour traiter leurs affaires : ça ne garantit pas qu’ils vont revenir, mais au moins qu’ils vont attendre jusqu’à la pause » pour répondre à leurs emails, se préparer un café… Et vous aurez capté leur entière attention jusque-là. Scénarisez votre évènement et décidez si vous devez intégrer des pauses plus longues en fonction de la durée de l’évènement, du contenu qui vient juste après, de l’heure, etc.
- Éviter de trop modérer le chat, « voire même aller mettre un peu le bazar dedans » ! On peut laisser les gens s’exprimer et pourquoi pas être critiques, tout en gardant le contrôle. « On voit bien que les posts Facebook qui cartonnent sont ceux qui ont 12000 commentaires », où la discussion est animée, etc. Selon Régis, « Il ne faut pas avoir peur qu’il y ait un contre-événement dans le chat, avec une discussion parallèle.» Si, à un moment donné, les participants virtuels ne sont plus captivés par le contenu, une discussion sur le chat peut maintenir leur attention et les garder en ligne.
Maintenir son auditoire en ligne passe aussi par d’autres stratégies : être pertinent et proposer des contenus qualitatifs, ajouter du mouvement dans ses événements virtuels et hybrides…
Retrouvez les conseils de professionnels, ainsi que ceux détaillés dans cet article dans notre webinar : Comment gagner la bataille de l'attention dans des événements de plus en plus virtuels ?